La musique indépendante anglaise des années 1990 fut sillonnée par bien des courants.
Les plus connus tels que la Brit Pop, le Trip Hop, la Jungle ou le Shoegaze, évoquent immanquablement quelques souvenirs de soirées arrosées et de festivals torrides. Bien entendu, l’appellation de ces courants découle d’avantage d’une formule journalistique que d’un manifeste rédigé par les artistes. C’est également le cas de l’appellation « Post Rock » qui servira de tiroir fourre-tout destiné à ranger tout ce qui était un peu trop bizarre et qui ne rentrait pas dans les cases susnommées. « Post Rock » comme ce qui viendrait après la mort du rock, à qui on aurait enfin réussi à faire la peau, depuis le temps qu’on essayait. Dans les faits, selon les pays, l’appellation « Post Rock » renvoyait à des musiques très différentes. En Allemagne, le nom « Post Rock » évoquait des musiques instrumentales rythmiques et minimalistes (Kreidler, To Rococo Rot), héritières du Krautrock. Aux Etat-Unis, on lorgnait davantage vers le Jazz, le Math Rock ou la musique de film (Slint, Tortoise ou Labradford). Tandis qu’en Angleterre, ce qu’on a baptisé Post-Rock recyclait la New Wave et le Post Punk en y incorporant tous les courants de l’époque. Alors qu’est-ce qui réunit toutes ces musiques, apparemment distinctes, sous un même vocable ? En quoi somment-nous dans un « Après-Rock » ? Sans doute par cette volonté d’emmener les choses ailleurs, d’ouvrir au maximum les horizons de la pop et du rock. Au début des années 90, le home studio se démocratise et les musiciens commencent à obtenir des résultats professionnels à la maison avec du matériel abordable. Vive Windows 3.1 ! D’autres ressortiront les magnétos à bandes et les vieux synthés Moog. Tout ça est réinjecté au milieu de la classique formule guitare/basse/batterie. Particulièrement en Angleterre, les boucles, le sampling et la jungle s’inviteront dans la pop. Quoi de plus banal aujourd’hui, me direz-vous. Mais à l’époque, Disco Inferno, Moonshake, Pram (en photo), Bark Psychosis, Seefeel et tous les bricoleurs/expérimentateurs présents sur ce disque, faisaient figures d’ovnis. Cette compilation constitue une très bonne introduction à de nombreux talents dont le travail fut, à bien des égards, précurseur de la musique d’aujourd’hui.