À la tête de l’ONJ depuis 2019, Frédéric Maurin a fait appel au saxophoniste américain Steve Lehman pour composer avec lui les onze pièces que forment Ex Machina.
Ce projet est aussi un partenariat avec l’Institut de Recherche et de coordination acoustique/musique (IRCAM), en particulier avec le chercheur en interaction musicale humain/machine Jérôme Nika. Ce dernier a développé un logiciel d’intelligence artificielle : Dicy2, qui a été utilisé à la fois lors de la phase de composition des morceaux, lors de l’enregistrement du disque, et lors des concerts. Dicy2 analyse en temps réel les flux audios que jouent les solistes de l’orchestre, et à partir de cette “écoute”, le logiciel produit des réponses qui viennent s’intégrer à la composition en direct. Comme l’auraient dit les Tranxen 200, Dicy2 a permis à l’ONJ “d’améliorer la connexion des pitch, et la régulation des patchs... Sans oublier les poutchs !”. Plus d’informations techniques dans le livret du disque.
Au-delà de l’aspect novateur de ce véritable groupe humain/machine, la musique d’Ex Machina est foisonnante et évocatrice. Tantôt inquiétante, comme dans Ode to Aklaff, où les textures sonores produites par Dicy2 se superposent au jeu de l’orchestre et produisent une ambiance cauchemardesque. Tantôt relaxante, comme dans l’introduction de Chimera, où le vibraphone, les cloches et percussions métalliques nous projettent dans un rêve abstrait. Un disque surprenant et “complètement glucose”.