Conçu en Islande pendant les premiers confinements, Fossora s’éloigne des volutes du précédent album de Björk, pour se calfeutrer dans une terre matricielle endeuillée.
L’artiste a en effet perdu sa mère à la même période. Le titre de l’album est une féminisation du latin « fossor », le fossoyeur. « Fossora » est donc « celle qui creuse ». Et il est indéniable que Björk creuse sans cesse pour se renouveler. Son parcours artistique force l’admiration. Du haut de ses 57 ans, elle cumule 46 ans de carrière, une vingtaine d’albums en solo et en groupe, des milliers de concerts et quelques performances remarquées au cinéma. Mais soyons honnête, depuis qu’elle a abandonné la formule couplet-refrain au profit d’une production plus conceptuelle au début des années 2000, il est souvent aisé de s’ennuyer dans ses paysages éclatés qui flirtent avec l’abstraction. Mais point d’ennui sur ce nouvel album qui réintroduit la ritournelle au sein de l’humus, nous offrant toujours une corde à laquelle nous accrocher dans ce périple souterrain. La production est à la fois brillante et mat, un peu comme sur les albums de Coil ou des Residents qui viennent régulièrement à l’esprit à l’écoute de ce grand cru.
Fossora, de Björk, 2022